L'évenement
Ce silence fut très vite rompu par la reprise de cris. On reconnaît l'intonation
d'une femme puis une voix directive se fît entendre. L'agitation reprenait dans
la maison. Une silhouette apparu derrière la porte qui s'ouvre, observant
longuement Ornel. Il s'agissait du propriétaire de lieux, invitant le sage à entrer avant de le questionner : "Que nous vaut l'honneur
de votre visite ?"
Aucune réponse avant quelques secondes, il pris d'abord le temps
d'observer l'intérieur. C'était une maison simple, quelques meubles, peu
d'objet de valeur, mais l'ensemble faisait ressentir une douceur de vivre.
L'entrée se faisait dans la cuisine, à droite porte ouverte laissait entrevoir
une salle de bain rustique, en face une pièce qualifiable de chambre. Amplement
fleurie, cet endroit vibrait au rythme des cris de cette femme.
Ornel s'y avança. "Je suis venu pour elle, ou plutôt
pour eux"
La surprise était lisible dans les yeux de l'homme.
"Eux ? Qui ça? Ma femme ?"
"Votre femme et vos deux enfants"
"Mais ... ma femme est entrain d'accoucher. Et un seul enfant est prévu.
Je n'ai aucun autre enfant. Mais ... que leur voulez vous ?"
Sa voix tremblait. Mais Ornel laissa encore filer un long silence ajoutant
de l'inquiétude dans le regard de cet homme.
Il fît encore quelques pas en direction de la femme donnant naissance à cet enfant que le
couple attendait depuis si longtemps. Un médecin, présent auprès d'elle, l'assistait pour faciliter l'accouchement déjà bien avancé.
Depuis de nombreuse minutes elle souffrait pour le plus bel événement d'une vie. Avec tout son
courage et sa force restante, elle poussait encore et encore, jusqu'a ce qu'on
puisse entendre ce cri. Non plus les siens, mais celui de ce fils
qui venait de voir le jour. Des larmes de bonheur dans les yeux des parents,
des cris de détresse pour l'enfant, mais aucune réaction de la part d'Ornel,
resté de marbre devant tant de bonheur.
Le médecin intervint : "Et bien vous allez être doublement heureux. Je
vous annonce que vous n'attendiez pas un mais deux enfants. Madame continuez
vos efforts. Un autre bébé ne demande qu’à voir le jour"
Les regards du père et du sage se croisent alors. De la surprise pour l'un,
de la satisfaction pour le second.
La femme puise dans ses dernières forces pour mettre au monde
ce deuxième enfant. Inquiet pour elle, son mari lui saisi la main, la regarde
fixement, comme pour lui transmettre son énergie, son amour qui lui
permettra de passer cette épreuve. Au bout de longues minutes, leur deuxième
fils pousse à son tour un cri, comme pour annoncer au monde de sa petite voix
qu'il est enfin sur cette Terre.
Le médecin pris les deux enfants, déposant l'un dans les bras d'un père ému,
le deuxième sur la poitrine d'une mère en pleurs. L'homme bafouilla quelques
mots, suivi de sa femme.
"Hyr ... tu te prénommera Hyr mon
fils ... la force"
"Et toi Mjoti, la sagesse"
Le vent ne faiblissait pas dehors, grondant de plus belle, la tempête n'était pas passée. Comme pour rappeler qu'elle avait déposé Ornel en ces lieux, et qu'il y était toujours présent sans que personne ne sache pourquoi.