La séparation
Après de longue minutes de complicité entre les parents et les nouveaux-nés, le père se tourna vers Ornel, son air inquiet a nouveau affiché sur son visage. Sa question toujours sans réponse ne laissait rien présager de bon.
"Mjoti doit vous quitter"
Ces quelques mots suffirent à alourdir l’atmosphère de la demeure. Passant de l’euphorie à l’incompréhension, les yeux de chacun se tournèrent vers le sage. Seul Hyr et son frère continuaient de se fixer, comme intrigués l’un par l’autre, le début d’une complicité entre jumeaux.
"Je sais que ce que je vais vous dire vous semble improbable, mais cet enfant ne peut rester parmi vous. Il sera mien pour la continuité de notre civilisation. Vous n’êtes pas sans connaître mes aptitudes et il y a de cela 5 lunes, après une longue méditation, le pire des événements me fut révélé. Mjoti est la clé. Je me dois de prendre en charge sa vie naissante."
Le père se senti obligé de l’interrompre. Il se déplaça jusqu'à l’entrée de la maison, en indiquant à Ornel qui était prié de quitter les lieux. C’est alors que deux miliciens firent irruption comme pour ramener la réalité dans l’esprit de cet homme. On n’échappe pas à une décision de ce sage.
Il les regarda longuement, son corps transpirait la haine. Il ne voulait se l’avouer, mais un faux pas de sa part pourrait avoir des conséquences sur toute sa famille, ou du moins ce qu’on voulait lui laisser de famille. Pendant ce temps Ornel avait saisit Mjoti, enveloppé soigneusement pour qu’il résiste au froid extérieur.
Les sanglots envahirent la mère, incapable de faire le moindre mouvement de par son épuisement, Hyr poussait des cris comme s’il comprenait qu’on lui arrachait une partie de sa vie. Le père, face au sage, le regard humide, consumé par le feu de la rage, lui ordonna de reposer l’enfant.
« Vous comprendrez que c’est impossible, je suis conscient que je vous impose le pire châtiment. Vous m’en voyez profondément désolé mais c’est ainsi. Je me dois de sauvegarder nos secrets. Le second enfant de la tempête marquera l’histoire du peuple de son aura. Je ne peux le laisser sans protection entre ses murs. Je lui transmettrai mon savoir, quant a Hyr et vous-même, je vous assure un avenir confortable »
Un avenir marqué par la perte d’un fils, aucun dédommagement ne pourra effacer la blessure. Les miliciens saisirent le père et Ornel pu reprendre son chemin. Sorti de la maison, les hurlements, les pleurs, la détresse d’une famille derrière lui, il avançait dans la tempête, l’enfant serré contre son torse. Il disparu de la ville comme il y était entré, une ombre qui se voulait bienfaitrice.